Hissons les voiles!
Je volette de perchoir en perchoir
dans une cage de plus en plus petite
dont la porte est ouverte, grande ouverte.
Gyula Illyes
(Poète hongrois, 1902-1983)
J'étais toute retournée. Je l'ai retourné aussi, tant qu'à faire...
Un blog, remis à l'endroit, c'est pas pareil qu'à l'envers. Quand on est tout à l'envers, il faut se remettre à l'endroit. Sinon, on y comprend plus rien. J'ai parcouru les billets que j'avais écrits, tourné ces pages en ordre ascendant et, contrairement à ce qui me retournait, je me suis reconnue. Cela fait beaucoup de "re" mais tant pis, il fallait bien re-lire pour re-trouver mon chemin. J'ai vu ce que j'aimais, ce qui me meut, ce qui m'émeut, ce qui me réjouit et ce que je dois laisser derrière moi. Je n'ai pas cherché à manipuler, ni les lecteurs, ni ma propre vie. Je disais vouloir changer d'espace, un lieu sur invitation uniquement, pour fuir? pour re-naître? pour effacer? regretter? pour changer de peau? pour contrôler? empêcher? connaître enfin les identités qui se cachent derrière l'écran? A quoi bon, je retrouverai ailleurs les mêmes obstacles, surtout celui qui barre régulièrement la route: au féminin, la peur, au masculin, le doute. Expliquer le pourquoi du comment? Non, cet espace ne servira plus à cela, je vais l'alléger... Je hisse les voiles et j'invite les voyageurs à naviguer ici, partir en mer tranquille ou tempétueuse, des brises légères ou des vents qui décoiffent, faire face aux embruns ou jouir de la beauté du ciel après l'orage. Cette embarcation baptisée "une envie de bonne heure", née il y a un peu plus d'un an, ira somme toute très bien car elle est encore assez solide et courageuse pour faire le voyage, malgré quelques fissures, maintenant colmatées.
Cela peut paraître étonnant, écrire le 18 mai que je mets le blog en pause... et revenir le 21 mai annoncer que je continue. Mais cet état de doute durait pour moi depuis plus de deux semaines. Il y a, comment dire, un décalage entre ce qu'il se passe à l'intérieur de mon être et ce qui est émis par écrit ici. Suivra qui pourra...