Hors du temps 4/6
La journée du 3 mai fut la plus belle. J'avais demandé, la veille, si il était possible de trouver un endroit pour faire une balade à cheval dans la région. Jean-Marc me répondit très simplement: ici! Il avait deux chevaux qui se trouvaient dans un pré plus haut sur la colline. J'ai aimé sa façon de vérifier auprès de Luc si il pouvait m'emmener en promenade ce samedi matin. Luc acquiesca en précisant qu'il avait quelques achats à faire en ville. Nous avons préparé nos montures, très à l'aise dans nos conversations, amis déjà. Il y a eu sa main sur ma cheville, alors qu'il m'aidait à règler mes étriers. J'étais sur le cheval et ce geste m'avait rassurée, j'avais senti que sa présence était importante, déjà. Il y a eu cette traversée dans les forêts somptueuses de feuillus, la découverte de l'"étang du moulin" puis celle de l'"étang neuf". Les chênes et les châtaigniers, les acacias, l'eau, le soleil, la lumière... Nous avons alors perdu le sens du temps, dépassé l'heure du repas, terminé tard dans l'après-midi notre escapade tout en haut de la colline, dans un lieu où abondent les promeneurs le week-end, ce jour-là, espace dénué de toute présence humaine, juste deux cavaliers au milieu de ces somptueux rochers, un cahos granitique nommé "rochers du carnaval".
Mardi dernier, le 3 mai, je voulais commémorer cette date par une sortie exceptionnelle, rien que nous deux. Nous avions prévu de partir à Lyon voir le film "Pina" de Wim Wenders. Notre voiture a présenté une panne et les horaires de TGV nous faisaient partir trop tôt pour le baby-sitting organisé pour Bianca. Rester simplement ici correspondait peut-être plus à la mémoire de cette sortie à cheval vécue hors-temps, hors artifice, la simplicité et la liberté de mouvement étant les maître-mots de cette journée qui m'avait marquée et nourrie, une source à laquelle je vais puiser mon énergie lorsqu'elle est défaillante.