LE PETIT POUCET
Tu honoreras ton père et ta mère. Ce commandement qui guide une partie de l'humanité, même inconsciemment. Ce commandement qui me hante, jour et nuit. Ce commandement qui peut être si mal interprété et nous mener sur le mauvais chemin, nous éloigner de la lumière!
Aussi loin que je me souvienne, je peux dire que j'aimais tendrement mes parents et mon frère aussi. Je crois même me souvenir que je voulais les protéger. Je les voyais se débattre parfois, comme nous tous aujourd'hui et secrètement, je demandais de l'aide, au ciel, à la terre, une forme de prière d'enfant, la meilleure certainement. Lorsque la tirelire de mon frère était vide, j'attendais qu'il s'éloigne et j'allais la remplir avec les sous de la mienne (bien qu'il fut mon aîné), car, en ce temps là, je ne dépensais rien. Je n'avais besoin de rien. Je crois que mon rôle était d'écouter, d'observer le monde qui m'entourait. Et comme je ne manifestais rien, sauf par des angines à répétition (tiens donc!), personne n'aurait pu se douter que cette petite fille n'était peut-être pas si contente qu'elle en avait l'air. Et puis j'ai appris à jouer, parce que mon père aimait lorsque je faisais le clown ou lorsque je m'amusais à imiter une scène vue à la télévision. Il a dit plus tard qu'il pensait que mon talent était celui d'une actrice. J'avais bien essayé d'intégrer une troupe de théâtre à 18 ans. Non, je n'étais pas capable de jouer "pour de vrai". Un bon acteur se connaît, un bon acteur n'est pas égaré. Moi, à force de jouer une petite fille que je n'étais pas au fond, je me suis perdue. La vraie Christiane, avait-elle pris soin de mettre quelques cailloux dans sa poche et surtout de bien les semer sur son chemin?