Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une envie de bonne heure
25 février 2011

Danser la vie

 CCI00019

2000 - Elia 1 an, en attendant Noé

J'ai lu, aimé et entendu les messages laissés suite à mon précédent billet.

J'aurais pu écrire personnellement à chacune mais je préfère réunir ici toutes les réponses que ces mots offerts ont suscité en moi. Il y a ce choix que j'ai fait de quitter ma ville natale pour rejoindre  la vie de cet homme rencontré il y a 14 ans, arrivée ici par hasard, restée par amour. Il est certain que je n'aurais pas élevé mes enfants de la même manière à Lausanne, à Genève ou à Paris. Cette colline m'a plue, la perspective de cette vie un peu sauvage, loin de toute cette civilisation qui était devenue insupportable dans ma réalité d'alors m'avait convaincue. C'était le bon endroit. Je n'ai même pas réfléchi, je l'ai senti. J'ai  vécu mes grossesses comme un rêve éveillé, mis au monde nos bébés le plus naturellement possible, allaité  très longtemps, nous avons "cocooné et cododoté" nos petits et j'ai découvert ensuite que, pour certaines, cette attitude était presque une religion (je pense à la Leche League qui conseille à chacune cette façon de faire). Je ne l'ai pas fait ainsi parce qu'on me l'a dicté, je n'aurais tout simplement pas su faire autrement. Partir travailler très tôt le matin, dû au fait que nous habitons loin de tout, réveiller mes enfants pour les emmener chez une nounou, utiliser une grande partie de mon salaire pour payer la voiture supplémentaire et les frais que toute cette logistique aurait impliqué, donner des biberons de lait alors que le mien coule à volonté et que j'aime cet acte d'allaiter, vivre tous les instants de mes enfants petits était une nécessité. Ceci ramène le débat à la notion de contexte. Bébé, je n'ai pas connu le lait maternel, je me souviens de ces années où, ma mère ayant décidé de reprendre un travail après être restée à la maison quelques années, je rentrais de l'école, une clé autour du cou pour pouvoir ouvrir la porte de l'appartement familial, le silence  inquiètant en attendant que quelqu'un arrive, les devoirs faits solitairement dans la pénombre, juste une petite lumière sur ma table de travail. Je ne la blâme pas, non. Je ne veux tout simplement pas vivre cela une deuxième fois, en étant dans le rôle de celle qui ne peut pas être là. Je ne blâme pas non plus celles qui font un autre choix, bien différents du mien ou de celui de ma mère, les biberons, la nounou, le travail par obligation ou par envie de faire carrière. Elles ont un autre parcours que le mien, d'autres besoins, un autre contexte, d'autres possibilités, d'autres obligations, d'autres désirs que sais-je encore?  Aujourd'hui, je suis allée en course avec Bianca, les garçons partis à pied chez un copain du voisinage. Je serrais la main de ma petite à la sortie d'une parfumerie où je venais d'acheter quelques produits de cosmétique, un crayon pour les yeux, une ombre à paupière, ceux que j'achète depuis plusieurs années déjà, que je garde longtemps dans ma trousse parce que de qualité et que je les fais durer. Bianca s'est amusée à me suivre dans les rayons, elle a testé les couleurs avec moi, puis nous nous sommes dirigées vers la maison de la presse, sa petite main dans la mienne, nous étions dans la joie, elle riait, moi aussi et les gens qui nous croisaient, de nous voir ainsi, nous souriaient. Je me suis dit alors, que j'étais bien mal avisée d'avoir écrit, il y a quelques jours, que j'avais sacrifié ma vie d'artiste pour être maman. Que né ni! Ces enfants portés, allaités, chéris à qui j'accorde beaucoup de temps m'ont nourris d'une substance précieuse et infinie qui vaut bien tous les spectacles de danse, de théâtre, toutes les expositions de peinture que je ne ferai ou ne verrai peut-être jamais. Je crois que je me sens une folle envie de danser ma vie.

 Ces quelques vers découvert chez elle:

"j'ai tendu des cordes de clocher à clocher ;
des guirlandes de fenêtre à fenêtre ;
des chaînes d'or d'étoile à étoile,
et je danse
"


Arthur Rimbaud

 

DSC00441

2008 - Elia, Noé, Bianca

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Ecouter le chant des oiseaux, essayer de les comprendre (by Cathy)...<br /> J'ai eu en son temps mon expérience femme très active. Ce choix d'outre mer c'était justement l'occasion pour nous de lever le pied me concernant pour profiter un peu plus de nos enfants, leur offrir une ouverture au monde (une expérience que nous avions pu partager tous les deux quand nous avions 20 ans)et changer d'horizon professionnel pour l'homme que j'aime. Après 3 années passées dans l'océan indien dont deux mutations, donc, deux périodes 'd'adaptation' pour tous, je n'ai probablement pas le recul suffisant pour dire si nous avons fait le bon choix. Mais ce dont je suis certaine, et peu importe les désirs, les décisions prises, nos qualités, nos défauts, les plus beaux moments de la vie sont ceux que nous nous donnons la peine de partager et vivre pleinement. Et je m'en réfère à ta petite balade entre filles dans quelques boutiques... Ce moment passé avec elle, t'as rendu si heureuse, alors continues à vouloir danser dans ta vie et à partager cela avec nous quand tu en as envies... Mon univers, c'est un peu ça aussi mais contrairement à toi, souvent, je dépose un commentaire plutôt spontanément parce que j'ai été touchée par l'article de l'auteur(e)du blog au moment où j'ai découvert celui-ci. J'aime assez cette perspective de 'faire connaissance' sans pour autant parcourir le blog dans son 'antérieur'... Cela me semble plus réel, car dans la vraie vie, on fait connaissance et on apprend à se connaître. On ne sait rien de l'autre au départ, et cela me plaît. Si je me suis trompée, et cela m'est arrivée, alors, rien de grave, je referme tout simplement la fenêtre sans aucun regret.<br /> Merci pour cet article qui en ce lundi matin de vacances me permet d'apprécier encore plus ton univers...
L
Bonjour à toutes,<br /> <br /> Ce message est très beau car plein de tolérance. Comme tu le sais, je suis à un poste de direction dans une grande administration et mes trois enfants ont 6, 5 et 3 ans. Je les ai allaités à peu près neuf mois chacun et j'ai toujours continué à travailler à plein temps, avec un investissement moindre que maintenant certes, mais il m'était impossible d'envisager une autre façon de faire. C'est très important pour moi de ne pas dépendre d'un homme, jamais, fut-il l'homme que j'aime.<br /> Quand j'ai décidé de donner un coup d'accélérateur à ma carrière, ma petite dernière ne faisait pas du tout ses nuits et nous étions épuisés; le jour où j'ai obtenu cette grosse promotion qui signifiait aussi que j'allais travailler entre 45 et 55 heures par semaine, ma fille a fait ses nuits. Miraculeusement. "Vous êtes parfaitement en accord avec vous-même et votre bébé le sait", a souri le pédiatre...<br /> En quelques mois, je me suis délestée des kilos accumulés lors de mes grossesses et j'ai retrouvé mon poids de forme. J'ai retrouvé en même temps le plaisir inoui de porter des talons hauts, des tailleurs chics, des robes ajustées, que javais oublié en étant perpétuellement dans ma peau de "maman de très jeunes enfants"; plaisir de prendre des décisions, d'être consultée pour des choix stratégiques importants, d'avoir des perspectives de carrière intéressantes; de déjeuner au restaurant avec des politiques locaux et d'avoir (parfois) de très vives conversations; plaisir du travail accompli, d'être la bonne personne au bon moment pour certains, de boucler un dossier...<br /> Je me suis retrouvée. Le weekend, j'abandonne ma panoplie de cadre sup, je fais le marché, je lis des histoires, je conduis mes enfants au poney, je fais réciter des leçons, je cuisine et fais des gâteaux, je fais tourner des machines et regarde des dessins animés... J'ai l'impression d'avoir deux vies, au moins, si ce n'est plus, car il y a celle d'amoureuse de mon mari, qui existe aussi. C'est bizarre, mais j'arrive à faire bien plus de choses qu'auparavant, sans être fatiguée. Ou presque. J'ai l'immense chance de vivre avec un homme qui me pousse, m'accompagne, me dit d'aller de l'avant et s'occupe de notre foyer lorsque le travail m'accapare. <br /> Je suis heureuse et au regard vif et espiègle de mes trois petites lumières et de mon aimé, ils le sont aussi. <br /> J'ai fait mienne ces vers de René Char, extraits de "Rougeur des matinaux":<br /> <br /> Impose ta chance<br /> Serre ton bonheur<br /> A te regarder<br /> Ils s'habitueront<br /> <br /> Je comprends tout à fait que l'on n'ait pas envie de vivre aussi tourbillonnante et stressante que la mienne; je rêve parfois de retraite à la campagne et de calme. Pour l'instant, je trouve mon équilibre et ma joie de vivre ailleurs.<br /> <br /> Merci Christiane pour le temps de réflexion dans ma journée que constitue ton blog.
L
je persiste et signe, nous sommes des kaléidoscopes, personne ne te te demande de renier ton envie de vivre, l'amour n'es pas un gâteau que l'on découperait en parts égales, enfant, conjoint... L'amour est exponentielle ! Tu peux aimer la danse, les spectacles, les expos et tes adorables enfants !! Je t'embrasse !
A
Bonheur.....<br /> Tout simplement!
M
Quelles belles photos ! Un billet de réconciliation...<br /> Faire un choix oblige toujours à un renoncement. Cette semaine, j'ai passé un entretien pour un boulot...un boulot type "mariage de raison" mais consenti. Tu sais quoi ? Contre toute attente, ce choix-là, s'il aboutit (je n'aurai de réponse que dans dix jours), même s'il ne correspond pas à mon rêve, et bien il m'apaise, parce qu'il m'a fait prendre conscience que je ne suis pas prête, pas encore, pour autre chose. Ma fille est trop petite -en tout cas, c'est ainsi que je le ressens. Et c'est bien ainsi.
Une envie de bonne heure
  • la bonne heure est chaque heure et que d'aucune heure on ne peut dire qu'elle n'est pas la bonne. C'est une bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. "N'oublie pas les chevaux écumants du passé" de Christiane Singer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Publicité