Rêve ou Réalité
Petite, je rêvais d'être une femme brune, libre et heureuse. Libre parce que légère et sereine.
Petite, je rêvais d'être cavalière, de parcourir des paysages somptueux, sur le dos d'un cheval qui serait mon ami.
Petite, je rêvais aussi d'être maman, de huit enfants, au moins.
Petite, je rêvais de contempler le monde, d'accorder mon temps au temps.
Petite, je rêvais de vivre avec un compagnon qui serait aussi mon ami.
Et puis j'ai grandi.
Je suis devenue une femme, brune pas si libre que ça, souvent prisonnière d'inquiétudes immenses, souffrant de solitude, éprouvant pourtant de temps à autres un fabuleux espace de liberté.
Je me suis approchée des chevaux, puis je suis tombée, gravement. La peur m'a éloignée d'eux mais surtout, du monde des humains qui disent les aimer. Un chemin de traverse s'est offert à moi, pour rencontrer cet animal qui me faisait tant rêver, une approche différente et salutaire. Alors je suis devenue cavalière, pour de vrai. Celle qui fait corps avec le cheval, qui n'a pas besoin de technique. Je pense gauche, mon cheval va à gauche, je pense accélération, il trotte, je pense joie et enthousiasme, il galope... Ce que je n'aurais jamais pu imaginer, c'est de pouvoir vivre avec eux. Ils sont là, autour de la maison et je crois bien que je suis devenue leur amie.
Puis je suis devenue maman, trois enfants et, peut-être en souvenir du chiffre huit que cette petite fille avait imaginé, il y a eu ces cinq fausses-couches, certaines avant les deux garçons, d'autres après. Un beau parcours de maternité quand même...
Enfin j'habite cette colline magique et j'ai la chance de contempler le monde et ses merveilles, d'autant plus que j'en ai connu aussi l'autre face, l'obscure, celle que la petite fille n'aurait jamais pu imaginer. Je suis peut-être déjà née avec ce caractère que mes parents qualifieront plus tard de bohême, quand bien même il m'a bien fallu m'adapter et accepter d' évoluer dans ce milieu et cet univers bien cadré, puis adulte, vivre le stress des obligations, des horaires et d'activités bien loin de ce que je cherchais. Un jour, j'ai tout quitté pour vivre une temporalité plus proche de mon essence.
Et puis, par-dessus tout, je me suis mariée avec cet homme qui est aussi un ami et qui a bien voulu fonder cette famille avec moi, tout en sachant qu'il en avait déjà une, deux filles qui sont les grandes soeurs de nos trois enfants, à part entière.
Merci petite fille, d'avoir rêvé assez fort pour offrir cette belle réalité à la femme que je suis aujourd'hui!