Un compagnon
J'ai assisté à ce très beau lever de lune, l'autre soir.
Bien sûr, j'avais envie d'être au chaud, mais j'étais aussi partante pour répondre à la demande enthousiaste de Bianca, infatigable enfant qui réclamait un dernier tour de balançoire. Dans ma poche droite, mon petit compact qui, curieusement, est devenu comme le troisième poumon de ma personne. Je n'ai pas encore pu acheter le réflex numérique de mes rêves qui, finalement, ne me manque pas tant que ça. Résignée à me contenter de ce que je possède déjà, j'ai appris à connaître ce modeste appareil photographique et je crois bien que nous sommes devenus des amis. Il est discret, ne prend pas de place, dans mon sac ou ma poche, de plus, je n'ai pas peur de l'abîmer. En fait, j'avoue avoir parfois souhaité qu'il se casse par une stupide inadvertance de ma part ce qui, bien entendu, me donnerait une belle excuse pour en acheter un nouveau. Au fil du temps, nous nous sommes apprivoisés. J'aime les possibilités qu'il m'offre, plus particulièrement celle de prendre quelques clichés dans l'urgence, sans avoir à me soucier de réglages minutieux pour lesquels je n'ai pas le temps, dans ma vie actuelle. Il est ma boîte à croquis, celle qui retient toutes ces secondes que mon oeil capte. Mon cerveau retient ce qu'il peut, je sais que tout ressortira un jour avec mes encres et mes pinceaux . En attendant ce jour, j'aime retrouver, le soir venu, sur l'ordinateur, ces brins de lumière saisis dans la journée, qui me rappellent qu'elle était très belle. Oui, je crois qu' il me va bien, cet outil de poche, sans prétention, juste un compagnon qui m'aide à ne pas oublier certains essentiels.