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Une envie de bonne heure
18 août 2010

Une porte à dessiner...La Chute d'Icare (4)

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Je n'avais pas pris le temps d'étudier l'histoire de ce pays avant de partir. J'étais naïvement envoûtée par ce que la première équipe avait raconté à son retour, à savoir la beauté du pays, de l'architecture, le plaisir qu'ils avaient eu à découvrir cette ville et les excursions qu'ils avaient faites lorsqu'ils n'étaient pas sur le chantier. Ce chantier où j'ai à mon tour passé trois semaines... Un palais abandonné? Un palais que les occidentaux se sont appropriés? Un projet de rénovation et de protection d'un patrimoine classé par l'Unesco. Cette ville, qui a longtemps vécu loin de la modernisation, et dont les fondations reposaient sur un précieux équilibre du sol, une nappe phréatique fragile, irriguée par les rares saisons des pluies, une architecture savante qui permettait un écoulement des eaux sans égouts. Un circuit naturel absorbait tous les déchets, tout devenait combustible une fois séché, puis cendre, pour l'engrais de la ferme. Je crois que cette intelligence a cessé avec l'arrivée des toilettes modernes, des laves-linges, des bouteilles d'eau en plastique, d'une vie moins moyen-âgeuse certes, mais qui menace les fondations même de cette ville bi-(tri?) millénaire. La ville et ses gratte-ciels  de terre menace de s'effondrer. L'histoire de ce pays est riche, longue et compliquée, plusieurs civilisations s'y sont côtoyées, plusieurs religions. Les vitraux des palais ont probablement été fabriqués par de fabuleux artisans juifs ainsi que d'autres éléments certainement.

Nous étions là  pour dessiner les portes et les fenêtres. Je devais relever précisément la porte de la dernière salle et ses détails à l'aide d'un fil à plomb et d'une règle millimétrée puis reproduire sur une grande feuille cette petite merveille fabriquée par un artisan, qui lui, n'avait pas utilisé un seul instrument de mesure. Ils avaient paraît-il les proportions et les mesures en eux, un savoir-faire ancestral. Le matin, nous partions du petit palais de terre que nous habitions, loué par l'organisation culturelle à des yéménites, nous devions traverser une partie de la ville. Je montais alors au dernier étage où ma porte m'attendait. De là, je voyais la vie de Sanaa et de ses habitants, des bruits lointains de klaxons de mobilettes, ponctuée par le chant du muezzin aux heures de la prière. En milieu de journée, un petit garçon nous apportait du thé à la menthe chaud et sucré que nous prenions tous ensemble sur les terrasses situées sur les hauteurs du Palais. Nous étions là bénévolement "une chance pour vous, nous avait-on dit...". Les premiers jours, je me sentais privilégiée de faire ce travail, et au fil du temps, l'interrogation grandissait, le doute s'installait, je ne comprenais pas pourquoi les yéménites avaient besoin de ces occidentaux pour "sauver leur patrimoine". Tout ceci me semblait être une mascarade. N'était-ce qu'une intuition? un peu féminine...

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Commentaires
Une envie de bonne heure
  • la bonne heure est chaque heure et que d'aucune heure on ne peut dire qu'elle n'est pas la bonne. C'est une bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. "N'oublie pas les chevaux écumants du passé" de Christiane Singer.
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