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Une envie de bonne heure
2 juillet 2010

6. LE REGARD AIMANT ET APAISE

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C'était en 2007, j'étais enceinte de Bianca. Nous étions partis à la fin du mois d'août chercher le soleil, car cet été-là avait été "pou-rr-i". Au retour, Noé avait mal supporté le trajet sur le bateau, trop de soleil peut-être. L'arrivée à Nice à 19h00, il était fièvreux, nous ne pouvions pas continuer la route pour la Bourgogne dans ces conditions. Nous avions cherché un hébergement pas trop cher, trouvé cet hôtel familial, tenu par un couple sexagénaire épatant. Et comme cet endroit nous plaisait, qu'il nous restait un peu d'argent, nous avions décidé de rester une journée pour se reposer, puis une autre pour aller voir deux musées que je tenais particulièrement à visiter: Chagall et Matisse. Il faisait très chaud. Arrivés devant le musée Chagall, ce qui m'avait tout de suite frappée, c'était l'air réjoui des visiteurs à la sortie. On voyait dans leurs yeux, sur leur visage, dans tout leur corps, que quelque chose s'était passé. J'aimerais utiliser le mot espagnol "allegria" pour transcrire cette impression. A mon tour, dans les salles d'exposition, une joie toute particulière m'avait envahie. Je connaissais ce peintre par des reproductions et je n'avais pas d'attirance particulière pour son travail. Je suis maintenant une admiratrice inconditionnelle de son oeuvre. Puis nous étions montés quelques rues, sur les hauteurs de Nice, au milieu d'un jardin, le musée Matisse. Je n'étais plus assez disponible pour apprécier à sa juste valeur ce peintre que j'aime beaucoup. Habituellement,  je refuse le cumul des visites. J'aime pouvoir digérer et apprécier ce que j'ai capté d'une exposition, d'un film, d'une rencontre. Je savais qu'il ne me serait pas possible de revenir à Nice avant longtemps. Il fallait que je voie ce musée.  Je n'avais pas réussi à entrer en résonance avec les oeuvres, j'avais entraîné ma famille dans les couloirs et les salles, les enfants fatigués, nous avions décidé de quitter l'exposition pour regagner le grand air dans le parc. Juste avant de sortir, j'avais pris le temps de lire les citations de Matisse écrite sur des murs dans la dernière salle, capté et gardé en mémoire plus particulièrement celle-ci:

Je vais en ce moment tous les matins faire ma prière, le crayon à la main devant un grenadier couvert de fleurs à leurs divers degrés et je guette leur transformation, en fait je le fait non avec un esprit scientifique mais pénétré d'admiration pour l'oeuvre divine. N'est-ce pas une façon de prier? et je fais en sorte (au fond je ne fais rien moi-même, c'est Dieu qui conduit ma main) de rendre évident pour d'autres la tendresse de mon coeur.  (lettre d'Henri Matisse à Soeur Jacques Marie, Vence 20 juin 1945 in "Soeur Jacques Marie-Henri Matisse. La Chapele de Vence, correspondance, Grégoire Gardette, éditions Nice, 1992)

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Quelques traits,
je n'attends aucun résultat

juste entrer en résonnance avec ce qui m'entoure

le soleil chauffe mes doigts, mes épaules, mes jambes

je reprends le papier, le crayon, la trace


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Une envie de bonne heure
  • la bonne heure est chaque heure et que d'aucune heure on ne peut dire qu'elle n'est pas la bonne. C'est une bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. "N'oublie pas les chevaux écumants du passé" de Christiane Singer.
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