TRANSPARENCE
Je ne sais pas comment accepter ce fait: l'incompatibilité avec ma famille d'origine qui vit là-bas, au pays des schtroumpfs. Je dois faire attention à ne pas perdre pied lorsque je pense à eux, enlever tout sentiment de culpabilité: tout un travail. La culpabilité est un venin qui a touché plus d'une famille. Non, personne n'est coupable d'être ce qu'il est. Je suis certaine que de leur côté, ce n'est pas facile non plus. Il y a là une souffrance qui nous dépasse.
En fait, je n'ai rien fait de mal. Juste pris ma route, commencé un chemin de traverse il y a très longtemps déjà. En marche vers ma patrie. "Ma patrie, n'est ni tout à fait ici, ni tout à fait là-bas. Ma patrie, c'est la relation" citation de Georges Haldas, que je m'approprie absolument.
Pour élever son pommier et espérer qu'il soit beau et rentable , selon les critères du moment, l'arboriculteur, avec tout son amour, en prendra soin, le nourrira, parfois avec des engrais, ou lui administrera des traitements afin de le protéger des parasites, il lui mettra peut-être un tuteur. J'ai longtemps cru les adultes qui m'expliquaient que les jeunes ont besoin de ce support extérieur pour bien grandir. Mais il est possible que l'arboriculteur n'ait pas su repérer l'essence de son protégé. Il ne comprend pas alors pourquoi, en grandissant, son petit arbre ne donne pas de pommes. Avec le temps, fatigué de ne pas obtenir les résultats escomptés, il s'en détournera, tout décontenancé... L'arbre trouvera tant bien que mal comment contacter sa force. Il se dirigera vers La source de lumière et petit à petit, poussera, d'abord un peu de travers, puis torsadé, mais pas si vilain avec tous ses méandres dans l'écorce. L'arbre devenu grand sera nourri par des racines qu'il aura pris soin de rendre saines, plantées dans une terre prête à l'accueillir, riche en humus. Ses petites branches pourront prendre appui, non pas sur un support artificiel, mais sur un tronc solide et rassurant. Il grandira ainsi, loin de sa culture de ... pommiers , lentement deviendra ce qu'il est... un cerisier sauvage. Malgré la solitude et la nostalgie, il sera joyeux chaque fois qu'il pourra donner du fruit à ceux qui auront bien voulu faire le détour pour venir y goûter.